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Image: jscreationzs / FreeDigitalPhotos.net |
Si je vous demande ce qu'est un réseau social, il y a de fortes chances que je m'entende répondre : "Facebook". En réalité, je n'ai pas besoin de Facebook pour faire partie d'un réseau social. Mes amis (IRL -In Real Life-, ou en ligne mais pas forcément sur Facebook), mes relations professionnelles, les étudiants du Master Aigeme, les anciens étudiants de mes autres formations, les membres de mon (fan)club de sport ou de mon cours de salsa, sont mon réseau social. Le terme existait bien avant Facebook puisque John A. Barnes l'utilise en 1956. Il désigne alors "un ensemble d'entités sociales tel que des individus ou des organisations sociales reliés entre eux par des liens créés lors des interactions sociales. Il se représente par une structure ou une forme dynamique d'un groupement social".
Dans son article sur la petite ville de Bremmes Barnes écrivait : "quand deux personnes se rencontrent pour la première fois il est rare dans la société moderne qu'elles découvrent qu'elles ont un grand nombre d'amis communs, et quand cela se produit, le fait est considéré comme exceptionnel et mémorable." Stanley Milgram, psychosociologue contemporain de Barnes, a voulu vérifier cette théorie au cours de l'expérience désormais célèbre pour laquelle il a sélectionné de façon aléatoire trois groupes d'une centaine d'individus, et les a chargés de faire parvenir un dossier à une cible (un agent de change de Boston qu'ils ne connaissaient pas). Pour cela, ils devaient transmettre le dossier à des personnes de leur connaissances susceptibles de le relayer vers la cible. 64 dossiers sont parvenus à l'agent de change avec une moyenne de 5,2 personnes relais. C'est de cette expérience (contestée, bien sûr) qu'est née la théorie des "six degrés de séparation" et de l'effet "small world", en 1967.
Coleman (1990) s'inspire de la représentation en graphe pour distinguer les deux notions fondamentales dans le réseau social : "le capital humain se situe dans les points et le capital social dans les lignes qui relient les points".
Qu'est-ce qu'un média social ?
Qu'est-ce qu'un média social ?
La plupart du temps, lorsqu'on parle de réseaux sociaux, on désigne par un abus de langage des médias sociaux, ou du moins, les médias sociaux qui offrent un service de réseautage en ligne. Andreas Kaplan et Michael Haenlein définissent les médias sociaux comme "un groupe d’applications en ligne qui se fondent sur l’idéologie et la technologie du Web 2.0 et permettent la création et l’échange du contenu généré par les utilisateurs" Comme pour l'indexation sociale, l'adjectif social indique une pratique web 2.0, une pratique centrée sur l'utilisateur.
Ce panorama nous permet de classer les différents médias sociaux selon leurs usages : publication, partage, discussion, commerce, localisation, réseautage, jeux. S'il existe bien sûr bien d'autres médias sociaux que ceux présents ici, cet échantillon significatif permet de mettre en évidence de grandes catégories en fonction des usages. On constate que Facebook est Google sont présents sur tous les usages. Ce sont en quelque sorte les supermarchés du média social : ils offrent tous les services.
Il y a autant d'applications possibles pour l'enseignement qu'il y a d'usages possibles des médias sociaux. Nous en avons vu quelques-uns : la publication avec les blogs et la micropublication avec Twitter, le partage avec Youtube et Delicious.
Réseau social en ligne et communauté virtuelle
Penchons-nous d'un peu plus près sur les services de réseautage en ligne. Leur spécificité repose sur la communauté virtuelle qu'ils ont pour objectif de constituer. La communauté se distingue du réseau social car elle va plus loin en supposant :
- un objectif commun partagé par ses membres
- des rites, des habitudes, un programme d'action prédéfinies (on pense au Follow Friday #FF ou au #jeudiconfession sur Twitter)
- une structure sociale (par exemple : modérateur, membres très actifs, membres moins présents, visiteurs)
- un sentiment d'appartenance
Dans le domaine des langues, les plateformes communautaires ne manquent pas d'intérêt : il est en effet parfois difficile pour les apprenants en langue étrangère d'avoir des occasions de pratiquer la langue en situation authentique ; les services de réseautage en ligne peuvent leur permettre entre autres de communiquer avec d'autres étudiants. Pour le FLE j'ai déjà parlé il me semble de l'initiative Foreigners in Lille : le site est une plateforme de blogs (Ning) écrits par des étudiants étrangers en français. Il leur permet de pratiquer le français, d'échanger des réflexions sur l'expatriation en France, et de bénéficier de corrections de la part des membres formateurs.
Côté formateurs, responsables de structures d'enseignement ou de promotion du FLE, il y a Flebook (également avec Ning).
Il existe bien sûr également de nombreux services payants pour apprendre une langue étrangère, qui permettent d'échanger des cours de langue, ou combinent des cours avec la possibilité de se mettre en relation avec des correspondants natifs, ou qui sont tout simplement des réseaux d'entraide pour l'apprentissage de la langue.
Pour aller plus loin :
Blanchard A. (2004), Virtual Behavior Settings: an application of behavior settings theories to virtual communities, Journal of computer-mediated communication, 9.
Je crois bien que je voterai carrément pour l'ensemble de ton blog!
RépondreSupprimerBravo!
Karine